Revenir à Nîmes pour mes 20 ans d'alternative...

Madrid 30 juin 2019

Toro de Partido de Resino

Photo Plaza 1 Las Ventas

Marc parle-moi un peu de ta saison ? Même si tu l’aurais aimé plus fournis en terme de contrat, Il y a quand même ton retour à Madrid, Alès, le Mexique...

Oui exactement, ma saison 2019 a été marquée principalement par cette corrida d’Alès, je parle pour la France, corrida que j’ai du prendre au pied levé puisque c’était un remplacement. Le lot que j’ai eu au sorteo était assez compliqué, il n’a pas pu me permettre de m’exprimer mais le plus important pour moi était de revenir sur Alès. Pour ce qui est de Madrid c’était un beau challenge, j’étais content que l’empressa me donne cette opportunité là. Une corrida de Partido de Resina très bien présentée, une nouvelle fois malheureusement le lot que j’ai eu ne m’a pas vraiment permis de m’exprimer. Mon premier taureau a été changé, c’est dommage car je pense qu’il y aurait eu plus de possibilités pour le torero le sobrero de San Martin était un taureau difficile qui ne m’a pas permis grand chose. Mon second était un peu arrêté donc c’est vrai que ça a été une après-midi importante pour moi mais malheureusement elle ne m’a pas permis grand chose dans l’envie de m’exprimer comme torero, si ce n’est du professionnalisme et d’être présent en piste. Après il y a eu bien évidemment le Mexique, plusieurs triomphes pour moi c’est une terre taurine où j’aime aller, chaque année elle me permet de faire entre cinq et six contrats durant la saison ça dépend des années et je suis très content de pouvoir y retourner chaque année.


Marc je trouve que tu ne torées pas autant que tu le mériterais, comment expliques-tu cela ? C’est difficile d’avoir la confiance des professionnels ?

Merci, c’est peut-être dû au fait que je n’ai pas d’apoderado et surtout pas qui son aussi organisateur car il est important d’avoir l’appui d’un apoderado qui a la double casquette, ce n’est pas mon cas donc je pense que c’est un de mes principaux problèmes au fait que je ne torée pas suffisamment. La confiance des professionnels je pense l’avoir, mais c’est vrai qu’il est toujours un peu plus difficile de pouvoir se retrouver programmé si on a pas quelqu’un qui s’occupe de notre carrière. Il est vrai que lorsque l’on torée peu c’est souvent des corridas difficiles et il est toujours plus compliqué d’avoir le triomphe que l’on recherche car les possibilités sont moindres.


Vingt ans d’alternative l’année prochaine, que retiens tu des ces vingt années de matador, avec toujours cet aficion et cette passion que tu transmets à chaque fois que tu torées ?

Ce que je retiens de mes vingt ans d’alternative c’est beaucoup de passion, d’abnégation, de travail, de patience aussi. Toujours autant de plaisir de se vêtir de ce costume de lumière qui m’est si cher. J’espère pouvoir transmettre cela. Le jour où justement je ne prendrai plus de plaisir à me vêtir de lumière je pense que j’arrêterai. C’est encore cette envie de toréer, cette envie d’être devant l’animal qui fait que, après vingt ans d’alternative j’ai encore l’envie de continuer au moins quelques années.


Tu fais parti des toreros français qui marqueront la tauromachie française par ta longévité, ta persévérance, ton talent... comment garde-t-on la même envie et la même motivation durant toutes ces années ?

En terme de longévité et persévérance c’est l’afición qui me fait continuer. Comme je le disais, le plaisir de me retrouver chaque fois devant un animal mais aussi le sentiment d’évoluer, de ne pas régresser professionnellement parlant. Le jour où je sentirai que je ne suis plus capable de me mettre en costume de lumière et de me donner à 100% ou que physiquement ça sera trop difficile, je continuerai certainement à toréer mais plus en costume de lumière. Aujourd’hui, j’ai encore ce sentiment là et je pense chaque fois que je me vêtis de ce costume de lumière de me donner à 100%. La motivation de toutes ces années c’est principalement l’afición, l’amour du taureau, l’amour de ma profession et surtout le respect du métier que je fait.


Pour fêter ces 20 ans d’alternative as tu déjà quelques pistes où c’est encore trop tôt ? Nous aficionados on seraient ravis de te voir toréer dans tes arènes à Nîmes...

Au jour d’aujourd’hui il y a quelques petites choses qui commencent à se dessiner pour l’année de 2020. Dans l’immédiat sur l’Amérique du Sud, j’ai deux corridas pour le mois de mars au Mexique qui sont à peu près sûres et un festival en Espagne en début de saison. Après j’attends d’autres confirmations pour le Mexique et bien évidemment on est en train de voir pour tout ce qui est de l’Europe et de la France. La

meilleure façon de fêter l’alternative, c’est certain que ça serait de pouvoir remettre les pieds dans mes arènes, les arènes de Nîmes. Là où j’ai eu mes premiers émois d’aficionado, là où j’ai vu mes premières corridas en tant que nîmois et là où j’ai pris l’alternative. Je crois que lorsqu’on fête une alternative ce dont on a envie déjà c’est de pouvoir refaire le paseo dans ces arènes qui nous ont fait matador de taureaux. Je n’ai pas re toréé depuis 2011 à Nîmes, depuis le coup de corne que j’ai subi. J’espère que cette année 2020 pourra me permettre d’y remettre les pieds, pour moi ce serait un beau cadeau justement pour fêter cet anniversaire.


As tu des regrets ou des choses que tu ferais différemment depuis ce 8 juin de l’an 2000 ou tu es devenu matador de toros ?

Des regrets ou des choses que je ferais différemment depuis le 8 juin 2000 ou je suis devenu matador de taureaux... Des regrets non, après des choses que je ferais différemment peut- être. Il est vrai que comme jeune matador au départ, on m’a proposé d’entrée des corridas difficiles (et puis d’ailleurs j’ai pris l’alternative avec un corrida de Cuadri). Je n’ai jamais refusé, j’ai toujours été présent, comme ça a été le cas cette année avec le remplacement d’Alès, je n’ai jamais dit non à un impresario. Mais peut-être, avec un peu de recul sur mon début de carrière, j’aurais dû essayé d’attendre d’avoir un peu plus de métier peut-être pour me laisser programmer dans certaines corridas. Maintenant je n’ai pas de regrets, ce qui est fait, est fait. Je suis heureux d’être matador de taureaux. Je suis content d’être toujours là, d’avoir toujours la même afición après vingt années. Maintenant, avec le recul, il y a des choses qu’on ferait autrement, mais des regrets je n’en ai aucun.


Tu es quelqu’un au grand cœur, comme le prouve les actions que tu fais pour les enfants du centre hospitalier de Nîmes toutes les années, tu as toujours eu cette envie d’aider les autres ?

L’envie d’aider les autres oui, j’ai toujours eu cette envie même en le faisant à travers ma profession. Je me considère comme quelqu’un d’humaniste, pour moi c’est important d’apporter quelque chose à l’autre. Je crois que dans notre société c’est parfois un peu ce qui manque, si chacun apporte sa pierre à l’édifice on peu arriver à modifier certaines choses et apporter plus dans la vie des autres. Je le fais chaque année comme vous le disiez, à travers cette action à l’hôpital de Nîmes pour les enfants qui restent hospitalisés la nuit de Noël, mais aussi à travers le festival de Samadet où chaque année tous les bénéfices du festival sont reversés au centre hospitalier de pédiatrie de Mont-de-Marsan. Je travaille également avec le club taurin Al Violin de Samadet tous les professionnels, les ganaderos, les toreros, et autres acteurs taurins viennent de manière bénévole, sans eux le festival ne pourrait pas avoir lieux.


Que peux t-on souhaiter à Marc Serrano pour 2020?

On pourrait souhaiter plusieurs choses à Marc Serrano, d’abord de continuer toujours avec la même afición, la même envie d’être en piste. Lui souhaiter d’avoir un peu plus d’opportunités pour cette année 2020 et surtout que les taureaux servent aussi. Car même avec beaucoup d’envie, si l’animal n’y met pas un petit peu du sien c’est toujours très difficile de pouvoir triompher. Et puis bien évidemment, comme je le disais auparavant, peut-être pouvoir retourner à Madrid et si je pouvais fêter mon anniversaire de mes vingt ans d’alternative dans ma ville, dans les arènes qui m’ont vu prendre cette alternative ce serait un beau cadeau.